Les retrouvailles
"J'abandonne devant ta passivité". Je l'écoute à peine, je n'attends
pas la suite... je raccroche. Je suis en colère en sortant de la
cabine, je me serre dans le froid et la nuit, pas un pleur, je ne
ressens qu'un grand vide dans mon estomac. Je marche quelques minutes
seulement dans les rues desertes. J'ai du mal à comprendre ce qui se
passe... une vielle connaissance : tout me parait lointain. Je reviens à mes vieilles habitudes, je suis loin de moi...
Je ne veux plus rien, je reste je ne sais où, mais
très loin de tout ça. C'est si facile et si bon finalement. Si familier...
Ce
matin je suis errant. Les gens qui me
croisent dans la rue me trouvent bizarre sans doute. Pardonnez moi, je
ne sais pas qui je suis. A midi, je vais au centre commercial pas très
loin de mon bureau alors que je n'y vais jamais d'habitude; j'ai
toujours eu horreur de ces endroits.
Mais aujourd'hui, j'y trouve un réconfort. Tous ces gens qui
s'activent, vous regardent, ces sourires, ces regards tristes, ces objets rangés... on ne
va pas
au centre
commercial pour acheter, non, on y va pour le réconfort, c'est un geste
affectif. On ne se parle pas, on se regarde et on y trouve quelque
chose à partager avec d'autres être
humains, une chose aussi infime que cet endroit propre et impeccable, sans surprise. C'est bien.
Sur
le retour je crois la voir, j'en suis presque sûr... elle
vient me voir ! Elle vient et tout sera bien. Tout revient ! mon estomac se desserre, mes yeux
s'allument, mon sourire se fige... Mais non ce n'est pas elle, un être
vous manque...